Géoportail se met à la 3D

Le Géoportail fait peau neuve pour se parer de nouveaux atours, ceux de la 3D. Depuis le 5 décembre, le site de l'IGN, l'Institut géographique national, propose en effet un certains nombres d'améliorations. Certes, la version en trois dimensions est en réalité accessible depuis le milieu de l'été, mais l'IGN a gardé de côté des innovations supplémentaires pour le lancement officiel mercredi 5 décembre, en compagnie du ministre de l'écologie, de l'aménagement et du développement durables, Jean-Louis Borloo.

	Vue en 3D du Château de Versailles © Géoprtail / IGN

Depuis le 23 juin 2006, date du lancement de la première version du Géoportail, le site proposait au grand public de survoler l'ensemble du territoire français, départements et territoires d'outre-mer compris, grâce à des photos aériennes et des cartes de l'IGN. Aujourd'hui, non seulement la version 3D permet d'avoir connaissance du relief, aussi bien des paysages que des villes, mais il est possible d'y superposer des couches supplémentaires, notamment les cartes IGN et les registres du cadastre.

En ce qui concerne le relief dans les zones urbaines, il ne faut toutefois pas s'attendre à obtenir un aperçu de Paris, comme dans un bus touristique. La hauteur de chaque immeuble n'est, pour l'instant, rendue visible que grâce à des formes géométriques. Un code couleur donne par ailleurs des indications sur la nature du bâtiment : rouge pour l'administratif, violet pour les lieux de culte, jaunes pour l'industriel, blancs pour le reste, etc. L'habillage des bâtiments se fera progressivement, de même que celui des monuments ou édifices exceptionnels, mis à part le château de Versailles dont une maquette a été implantée dans le portail.

Dans la version 2D, l'IGN a par ailleurs voulu rassembler des informations des ministères, des établissements et des entreprises publics. Il est ainsi possible de visualiser certains renseignements concernant l'hydrographie du territoire (réserves d'eau etc.), ainsi que les traits de côtes (littoral), grâce au concours du Service hydrographique et océanographique de la Marine.

	Vue en 3D du masif du Mont Blanc © Géoportail / IGN

De même, en partenariat avec l'INA, des vidéos en référence avec le lieu survolé sont disponibles. Il suffit pour cela de cliquer sur les pictogrammes de l'INA pour voir apparaître, dans une fenêtre pop-up, les documents d'archives en streaming. Au total, 10.000 vidéos sont mises à disposition des internautes sur Géoportail. De même, l'IGN s'est allié avec le Conservatoire des jardins et paysages afin de référencer et d'indiquer près de 4.000 jardins en France.

	Vue en 2D de Dijon et visionnage d'une archive de l'INA © Géoportail / IGN

Par ailleurs, plus besoin de déchiffrer les courbes de niveau pour admirer le relief du Mont Blanc. Un outil permet également de mesurer les distances au sol, pour qui voudrait préparer une randonnée en montagne ou dans les bois. L'outil se veut donc pédagogique : on l'imagine déjà utilisé par les professeurs de géographie. Certaines professions, comme les architectes ou les urbanistes y verront sûrement un outil capable de faciliter leur recherche et leurs travaux.

 Pour François Brun, directeur général de l'IGN, cette nouvelle version apporte une dimension citoyenne au portail, qui devient ainsi "le portail des territoires et des citoyens". C'est d'ailleurs la nouvelle signature du Géoportail, qui apporte dorénavant, selon ses termes, "un autre regard sur l'environnement", grâce à toutes les informations d'ordre écologique à portée de clic. Ce n'est pas Jean-Louis Borloo qui le contredira, lui qui le considère d'ores et déjà comme un outils précieux pouvant aider son ministère à préparer la mise en oeuvre du "Grenelle de l'environnement".

Les bases techniques du Géoportail plantées, ce dernier va continuer à évoluer en intégrant de nouvelles informations. Ville après ville, l'habillage des bâtiments sera notamment développé. Pour cela, les villes elles-mêmes doivent participer à la démarche. Aujourd'hui, à peine cinq d'entre elles s'y préparent. Mais l'IGN espère que d'ici trois ou quatre ans, toutes les villes de France le seront intégralement.

 Elles pourront également transmettre des données sur des projets en cours, comme le tracé d'une nouvelle route ou d'un tramway. Il est notamment prévu que les zones inondables et les zones de protection environnementale apparaissent, ainsi que les plans de déplacement urbains.

	Les falaises d'Etretat vues en 3D © Géoportail / IGNt

 Dans le Géoportail de demain, on pourra aussi trouver une application à destination des développeurs et des férus d'informatique : une API leurs permettant notamment de publier des informations sur leurs sites. Une évolution communautaire, à la mode Web 2.0. comme le fait déjà l'américain Google Earth, est également envisageable. Si elle est techniquement possible, l'IGN et le ministère réfléchissent toutefois à ses modalités et ses limites.

 Dans le cadre de l'initiative européenne Inspire, l'IGN travaille par ailleurs avec les pays transfrontaliers, afin de pratiquer une plus grande interopérabilité. Il s'agit d'améliorer la qualité des différentes données géographiques des Etats membres, afin de voir la réalité des politiques communautaires (transports, énergie et agriculture). Dans cette optique, une coopération avec le Système d'Information du Territoire Genevois permet déjà d'afficher les photographies aériennes du Canton de Genève.

Source : JDN