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Objet Réflexif : un conservateur domestique par Christophe Santerre

12 Février 2015, 18:51pm

Publié par Grégory SANT

Christopher Santerre - L’objet réflexif

Christopher Santerre – L’objet réflexif

Un objet peut-il nous aider à remettre en question notre quotidien ? C’est ce à quoi s’interroge Christopher Santerre dans son projet de diplôme à l’ENSCI Paris.

Aujourd’hui les objets qui nous entourent sont de plus en plus « immatériels ». À commencer par nos outils de communication : les informations gravitent avec fluidité de notre smartphone à notre ordinateur en passant par l’espace immatériel qu’est le cloud. C’est clair, c’est simple : on ne se pose plus de questions.

Le problème est justement là. C’est dans cette attitude irresponsable que l’on perd conscience de notre quotidien matériel. De la même manière, il devient compliqué de réparer soi même sa voiture ou sa machine à laver : on perd le contrôle.

« L’objet réflexif »  se fait grain de sable dans nos habitudes lissées. Ce projet a une dimension manifeste et fonctionnelle à la fois. Il interroge mais apporte aussi des solutions : le garde manger et le micro-serveur. La démarche réflexive s’instaure dès lors que l’on utilise différemment un objet : il nous renvoie à nous même.

 

Le garde-manger


Christopher Santerre - L’objet réflexif


Christopher Santerre - L’objet réflexifChristopher Santerre - L’objet réflexifChristopher Santerre - L’objet réflexif

Le frigidaire a modifié notre habitudes vis à vis de la conservation alimentaire. Il se fait armoire où la particularité des denrées est annihilée. Avons nous besoin de 300 litres de froid quand il y a des produits frais à l’épicerie du quartier ? On ne peut pas dire que le frigidaire est neutre culturellement et sociologiquement. En effet issu du mode de vie pavillonnaire  américain, sa pertinence dans les centres villes pose légitimement question.

Christopher Santerre veut réintroduire des savoir-faire vernaculaires, plus raisonné à travers son garde-manger. Sans chercher à apporter une réponse techniciste, c’est en devant choisir entre un des cinq étages de conservation que la dimension réflexive agit pleinement.Dénué de congélateur afin de ne pas encourager l’achat de plat préparés, le garde-manger dispose néanmoins de deux compartiments réfrigérés électriquement afin de préservé les denrées les plus fragiles (viande, poisson, volaille, laitages, jus de fruits…) : le tiroir du bas fait 20L et est à 4°C  et celui du haut fait 60L et est à 8°C. Si Christopher Santerre a choisi l’ouverture par tiroir c’est avant tout pour bénéficier de la lumière extérieure, mais également pour avoir une vision globale avec peu d’effort. Basé sur la technique du frigo du désert, le bac en terre cuite se compose de deux pots emboîtés. Entre les deux est versé du sable humidifié. L’eau va s’évaporer grâce à la chaleur que dégage le serpentin de la partie réfrigérée. La zone va ainsi rester fraiche et propice aux légumes-racines de part son humidité. Au dessus du bac en terre cuite on trouve un autre espace de rangement composé d’un cadre en érable qui en coulissant sur la structure en acier permet d’accéder à un jeu de filets amovibles. Ceux en résille synthétique permettent aux aliments de bénéficier de la lumière et de l’air et restent ainsi à portée de vue (et surtout de ventre). Quant à ceux en lin, ils protègent les denrées telles l’oignon ou l’ail de la lumière. Enfin le dernier étage fait office d’étagère pour les denrées sèches et autres conserves.

Un temple dédié à la luxuriance du marché en somme. Mais comment savoir où mettre son topinambour me direz vous ?

Mieux qu’un coup de téléphone à sa grand-mère, Christophe Santerre a prévu la solution en créant un petit livret. Composé de 26 textes et illustrations, il met en exergue les techniques de la conservation.Bien que ce ne soit pas sont point d’entrée la démarche de Christopher Santerre a donc, in fine, par son bon sens des conséquences écologiques.

 

Christopher Santerre - L’objet réflexif

Le serveur

Toujours basé sur la conservation, la deuxième partie de « l’objet réflexif » nous interroge cette fois ci sur le stockage  d’une notion plus immatérielle : nos e-mails.

Il y a plus de quinze ans, nous les conservions sur nos machines. N’oublions pas que le principe  d’Internet était d’avoir des données chez soi et de les partager avec les autres. Mais peu à peu, nos informations se sont centralisées dans des entreprises privées américaines : Google, Skype, Facebook etc … Le Cloud, le Drive,une pseudo-liberté gagné au prix de l’évaporation de   notre vie privée. Ce processus s’est mis en place sans que l’on se questionne vraiment. Si le service de messagerie est gratuit c’est avant tout parce que nous en sommes le produit : nous générons de la valeur grâce à nos données. Nos données sont collectées, et utilisées à diverses fin.

Christopher Santerre - L’objet réflexifSource : blog-espritdesign.com

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