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Salon du Meuble de Milan sous le signe de la crise

18 Avril 2013, 17:16pm

Publié par Grégory SANT

Politique, économie, amour-propre: la crise monte inéluctablement en Italie et semble désormais arrivée aux tous derniers étages. Mais au Salon du meuble de Milan, qui se bat pour conserver son titre de "Mecque du design", tous les moyens sont bons pour surnager. (c) Afp

Politique, économie, amour-propre: la crise monte inéluctablement en Italie et semble désormais arrivée aux tous derniers étages. Mais au Salon du meuble de Milan, qui se bat pour conserver son titre de "Mecque du design", tous les moyens sont bons pour surnager. (c) Afp

MILAN (AFP) - Politique, économie, amour-propre: la crise monte inéluctablement en Italie et semble désormais arrivée aux tous derniers étages. Mais au Salon du meuble de Milan, qui se bat pour conserver son titre de "Mecque du design", tous les moyens sont bons pour surnager.

A première vue tout va bien, les allées du gigantesque site de la Foire de Milan fourmillent d'architectes, artistes et autres "créatifs". Les pavillons dédiés spécifiquement au design sont pris d'assaut, les fauteuils griffés dernier cri tâtés, essayés et photographiés sans répit par les visiteurs.

Parquets, bureaux et accessoires de cuisines raffinés sont au rendez-vous sous des éclairages sophistiqués. Dans l'un des stands, des jeunes hôtesses en tenues de sport ajustées font la démonstration d'appareils de sport hi-tech étincelants. Celui de l'architecte-vedette français Jean Nouvel, consacré au bien-être au bureau, ne désemplit pas.

Mais sous la couche de glamour pointe l'incertitude: "Jusqu'à Noël, la crise (économique) s'est manifestée de manière vraiment paralysante et donc nous avions tous très peur que le Salon ne se déroule pas de manière positive", avoue l'architecte et designer Marco Romanelli, chargé par les organisateurs de "décrypter" les tendances du salon.

"Mais finalement, c'est incroyable, le Salon est bien meilleur que l'année dernière. Il y a plus de nouveauté, de raisonnement", ajoute-t-il. "Il y a moins de choses nouvelles, mais celles qui le sont, le sont pour de bon", fait valoir ce spécialiste, qui fréquente l'exposition depuis 30 ans.

Le Salon navigue actuellement dans sa 4e année de crise. Malgré cela, il reste "le plus important au monde, il y a eu un moment où il semblait que (son concurrent de) Cologne pouvait s'imposer mais après on a vu que Milan restait au centre du débat", affirme-t-il, là où d'autres se montrent plus nuancés sur la question.

Pour s'adapter à l'évolution du marché et justifier auprès de la clientèle l'énorme différence de coût entre leurs produits et ceux du fabriquant suédois Ikea, nombre d'entreprises de design ont repris à leur compte une recette qui a fait ses preuves dans le monde de la mode, poursuit M. Romanelli: combiner des éléments technologiques et d'autres purement manuels en un "rapport de symbiose" destiné à faire passer une idée de "préciosité".

C'est le cas chez le fabricant italien de fauteuils en cuir Poltrona Frau, où l'on valorise le travail du cuir, ou chez son concurrent Moroso. Celui-ci propose entre autres cette année un fauteuil de rotin fait à la main et dont la forme s'inspire de la danse nuptiale des autruches africaines, d'où il tire aussi son nom: "Banjooli (autruche en langue wolof), une danse de séduction".

La crise n'épargne pas les secteurs plus traditionnels de l'ameublement, industrie de tout temps chère à l'Italie. L'organisation patronale Confindustria n'a de cesse ces derniers mois de dénoncer les ravages provoqués par la récession et l'instabilité politique sur l'important tissu industriel italien, composé en grande partie de PME et d'artisans.

Edi Perini est l'un d'entre eux. Il dirige à Udine (nord-est de l'Italie) une PME qui fabrique des chaises (de 20 à 100 euros pièce) qu'il vend essentiellement aux écoles, aux cantines et aux bars. Pour lui, le marché italien s'est réduit ces 2-3 dernières années comme une peau de chagrin (à peine 3% du total...). "L'avenir, c'est l'exportation" vers la France, l'Allemagne, la Belgique, dit-il, avouant rêver aussi de l'Inde ou du Kazakhstan.

Dans un registre nettement plus haut de gamme -à titre d'exemple l'une des tables de bois exposées au stand se vend à 30.000 euros- Michele Rho, propriétaire d'une petite entreprise de meubles traditionnels produits intégralement dans le pays, est dans une situation similaire. Ses clients étrangers (Russie et Moyen Orient en premier lieu) représentent 90% de ses ventes.

"Nous ne sommes pas en difficulté grâce aux exportations, mais les temps ne sont pas des meilleurs", reconnaît-il. "Pour ce qui est des perspectives, il faudrait une boule de cristal pour savoir quand repartira l'économie", philosophe-t-il.

Un tel flegmatisme n'est en revanche pas de mise chez Confindustria: la fédération a organisé symboliquement vendredi à Turin une "minute de silence" en l'honneur des entreprises "qui n'ont pas tenu" le coup.

Source : nouvelobs.com

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