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Bateau utra-rapide A2V

28 Mars 2015, 18:52pm

Publié par Grégory SANT

La société française Advanced Aerodynamic Vessels (A2V) a dévoilé hier, à La Rochelle, le prototype de son concept innovant de navire ultra-rapide à portance aérodynamique. Le surprenant bateau, aux lignes novatrices, a été conçu et réalisé dans le plus grand secret ces 18 derniers mois. Fabriqué en composite, ce premier modèle mesure 10.5 mètres de long pour 7.4 mètres de large, avec un tirant d’eau en charge de 40 cm et un tirant d’air de 3.4 mètres. Le déplacement, de 3 tonnes lège, atteint 4.5 tonnes à pleine charge. Equipé de deux moteurs Mercury Verado de 200cv, cet engin pouvant embarquer 6 personnes est conçu pour dépasser la vitesse de 40 nœuds (représentative d'une allure de 60 noeuds pour un modèle équivalent de 25 mètres), tout en étant très économe en énergie grâce à la sustentation aérodynamique.

« Plus on va vite, moins on consomme ». Voici pour le principe du concept lancé par A2V. « L’idée de base part du constat qu’il n’existe pas, actuellement, de navires de moins de 70 mètres capables d’aller très vite, c’est-à-dire à plus de 40 nœuds, de manière rentable », explique Lionel Huetz, directeur Recherche et Développement de l'entreprise. « Les seuls exemples d’unités commerciales exploitées à ces vitesses sont des ferries rapides, qui peuvent rentabiliser la consommation importante de combustible grâce à un grand nombre de passagers. Et encore, ils ne sont pas très nombreux ». Construction sophistiquée, coûts de maintenance élevés, combustible cher… le modèle qui s’applique aux ferries rapides ne pouvait, en l’état actuel, être transposé à des unités plus petites.

Alors même que plusieurs marchés sont identifiés : « l’offshore, et notamment le transport des personnels vers les plateformes pétrolières ou les champs d’éoliennes, l’action de l’Etat en mer pour des missions de police nécessitant des intercepteurs rapides, les drones ou encore les bateaux-taxis », détaille Lionel Huetz.

Cumuler les avantages hydrodynamiques et aérodynamiques

Alors, début 2013, avec Matthieu Kerhuel, directeur général d'A2V, issu comme lui de l’Ecole Centrale de Nantes, ils se mettent au travail.

« Nous cumulons des expériences complémentaires, en mécanique des fluides, architecture navale ou encore en matériaux ». Lionel Huetz a ainsi travaillé pendant six ans dans le cabinet Marc Lombard, spécialiste en conception de voiliers de course au large et également investi dans le projet A2V. « Le fait d’évoluer dans ce milieu donne une sensibilité particulière sur l’interaction du bateau entre l’air et l’eau, mais également une connaissance fine du composite, qui est une véritable excellence du savoir-faire français ».

Les réflexions commencent par des recherches bibliographiques, « infructueuses ». Puis vient progressivement l’idée d’une toute nouvelle forme qui cumule les avantages hydrodynamiques et aérodynamiques. Un bateau qui volerait, en quelque sorte. Ou plus exactement qui transférerait progressivement son poids de l’eau vers l’air grâce au phénomène de portance. Plus le bateau crée sa propre vitesse, plus le phénomène de portance s’amplifie, le soulageant de son poids et lui permettant donc de consommer moins.

De la portance quelque soit la vitesse

« La forme des coques doit permettre de fonctionner quelle que soit la vitesse : il doit y avoir un maximum de portance même à vitesse réduite », souligne Lionel Huetz. L’aérodynamique et l’hydrodynamique doivent se conjuguer et fonctionner ensemble. « Tout en restant un bateau, qui soit compact, simple, fiable et robuste. Sans électronique ou choses compliquées à mettre en œuvre pour l’équipage ». Pour résoudre cette équation, les ingénieurs ont imaginé un bateau reposant sur la stabilité passive. L’ensemble de la plateforme est prévu pour pouvoir fonctionner selon ce principe de portance aérodynamique.

« En juin 2013, nous avons commencé la simulation numérique ». Rapidement rejoints par deux autres ingénieurs, Gianluca Guelfi puis Fabio d'Angeli, effectuent des milliers d’heures de calculs pour modéliser non seulement la forme de la carène, mais également son comportement en fonction des éléments extérieurs. « Les outils mathématiques et informatiques permettent actuellement de recréer un véritable bassin des carènes numérique ». Une fois la forme trouvée et testée, ils y intègrent les volumes habitables et les aménagements. « A ce stade-là, nous avons constaté que le poids et la portance étaient toujours conformes au principe de fonctionnement ». En novembre 2013, Hydrocéan, société nantaise spécialisée dans l’hydrodynamique, effectue à son tour les calculs et confirme les résultats d’A2V. Le principe fonctionne.

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