Avec ses grandes baies vitrées, sa décoration épurée et ses objectifs high-tech, le cabinet médical du futur imaginé par la start-up américaine Forward ressemble davantage à un Apple Store. Son fondateur, un ancien responsable de Google, ambitionne de tirer profit des avancées technologiques, pour réinventer la médecine.

«L’objectif, c’est d’inverser le paradigme pour passer d’une médecine réactive à une médecine proactive», explique Adrian Aoun. Pour y parvenir, l’entrepreneur mise sur l’analyse de données et l’intelligence artificielle: «Les médecins ont difficilement accès aux données de leurs patients. Ils ont besoin de meilleurs outils.»

 
 
 
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Patients hyperconnectés

Chez Forward, dont le premier cabinet a ouvert ses portes en début d’année en plein de cœur de San Francisco, tout est donc pensé pour récolter le maximum d’informations. En arrivant, le patient passe d’abord sur un scanner corporel, développé par les ingénieurs de la société. En 45 secondes, son poids, sa taille, sa température, son rythme cardiaque ou encore sa pression artérielle sont collectés.

 

Une prise de sang et un prélèvement de salive sont également effectués. Forward fournit par ailleurs des objets connectés à ses patients, comme des bracelets, des balances, des moniteurs de sommeil ou encore des capteurs électrocardiogrammes. Toutes ces données alimentent automatiquement un profil informatique. «Nos médecins ne perdent plus de temps à entrer ses données manuellement sur leurs ordinateurs», souligne Adrian Aoun.

Les patients peuvent accéder en temps réel à leur profil depuis un smartphone. Ils peuvent aussi prendre rendez-vous en quelques clics ou discuter avec un professionnel de santé «à tout moment et dans les 90 secondes», explique le fondateur de la société.

Abonnement mensuel de 149 dollars

Forward ambitionne aussi de révolutionner le modèle économique. Les paiements à l’acte ont été remplacés par un abonnement mensuel de 149 dollars (environ 145 francs). Pour ce prix, ses patients disposent d’un nombre illimité de consultations, peuvent réaliser leurs vaccins et ont accès à des nutritionnistes ou gynécologues. «L’abonnement ne se substitue pas entièrement à une assurance santé», reconnaît Adrian Aoun. Il espère cependant baisser ses tarifs grâce à des économies d’échelles.

Pour atteindre ses objectifs, l’entrepreneur a séduit un groupe d’investisseurs de renom, comme Eric Schmidt, le président d’Alphabet, la maison mère de Google, Marc Benioff, le fondateur et patron de l’éditeur de logiciels Salesforce, ou encore les fonds Khosla Ventures et Founders Fund. La Silicon Valley se passionne en effet pour la santé. Depuis 2014, les start-up du secteur ont levé plus de 13 milliards de dollars aux Etats-Unis, selon les décomptes du fonds de capital-risque Rock Health.

Une quarantaine d'employés, la moitié ingénieurs

Selon la presse américaine, Forward, qui compte une quarantaine d’employés dont une moitié d’ingénieurs, aurait levé 30 millions de dollars. «Il nous faudra encore beaucoup plus d’argent», reconnaît son patron. L’entrepreneur ne manque en effet pas d’ambitions. Il espère ouvrir de nouveaux cabinets, d’abord aux Etats-Unis puis potentiellement à l’étranger. «Et un hôpital dans les dix ans», assure-t-il.

«Nous voulons tout rebâtir de zéro», poursuit-il. La société prévoit ainsi de développer des logiciels dopés à l’intelligence artificielle et de fabriquer de nouveaux instruments pour les médecins. En plus du scanner corporel, elle a par exemple conçu un outil infrarouge qui permet de trouver les veines pour une prise de sang. «La technologie doit permettre de résoudre l’arbitrage entre la qualité des soins et leurs coûts», conclut Adrian Aoun.