Quoi de neuf au salon du Bourget ?
Avec ses 80 000 m2 de halls et 35 000 m2 de chalets, le salon du Bourget, dont la 52 e édition se tient jusqu'au 25 juin, présente les dernières innovations dans le secteur de l'aéronautique et du spatial. En voici quelques-unes, que la rédaction d'Industrie et technologies a sélectionnées.
Le pneu connecté de Michelin et Safran
C’est une innovation qui pourrait intéresser plus d’un avionneur. Michelin et Safran Landing Sytems ont profité du salon du Bourget, à Paris, pour présenter leur nouveau projet : un pneu connecté destiné à faciliter les opérations de maintenance au sol. Baptisé PresSense, celui-ci embarque un capteur électronique, intégré à la fin du processus de fabrication. Il permet de récolter les informations relatives à la pression des pneumatiques et les transmet directement sur un smartphone ou un lecteur. Un procédé allégé par rapport aux opérations de contrôle classiques. Les pressions de gonflage dépassant les 15 bars, l’opérateur doit normalement mesurer la pression sur la valve à l’aide d’un manomètre. Un procédé intrusif, qui exige habituellement l’intervention manuelle d’un technicien certifié. “Avec ce nouveau système connecté, tout le monde pourra effectuer ce contrôle. Même le pilote. Il suffira d’approcher le lecteur près de la puce RFID, passive, pour l'activer”, se félicite l’un des techniciens du projet. Afin d’anticiper d’éventuelles complications, le dispositif, doté d’une capacité de mémoire, permet également d’accéder à l’historique des 5 dernières mesures. Et pourrait, à terme, rendre possibles des services de maintenance prédictive. En moyenne, un avion décolle et atterrit entre 10 et 12 fois par jour. “Cette solution doit permettre un vrai gain de temps”, estiment les partenaires, qui annoncent une commercialisation en 2019.
Le drone sur mesure de Neva Aerospace
Avec son drone adaptable, le consortium européen Neva Aerospace entend offrir une solution de transport pratique et économique aux entreprises. Baptisé Eole, le drone, qui dénombre 4 moteurs à l’origine, peut en intégrer 6 de plus afin, par exemple de soulever une charge plus lourde. “Il suffit de connaître le poids de l’objet à soulever, et d’adapter le nombre de turbines en conséquence”, explique David Brotherton-Ratcliffe, le directeur scientifique. Outre le nombre de moteurs, il est également possible de jouer sur la puissance de ces derniers. Trois types de turbines sont ainsi proposés : Athéna peut soulever entre 2,5 et 4 kg. Hermès entre 5 et 8 kg, et Cerès de 9 à 15 kg. “Au lieu d’avoir une douzaine d’Athènes, on peut concevoir un drone doté de 4 Hermès…”, détaille le directeur scientifique. Si le drone civil peut soulever jusqu’à 25 kg, sa version militaire est conçue pour supporter jusqu’à 50 kg. La plateforme, reliée par un fil à un générateur, peut voler jusqu’à 30 mn sans interruption. Et être utilisée en intérieur comme en extérieur. Ses hélices, entourées d’une gangue, ne présentent pas de danger pour l’homme. Sa caméra embarquée permet également à Eole de mener des opération de surveillance.
Le dernier-né de la gamme, le drone Vlinder, mérite également le coup d’oeil. S‘il n’est pas modulable, ce drone, qui intègre un ensemble de turbines lui assurant puissance et stabilité, est doté d’une plus grande autonomie et capacité de poussée. Il peut en effet emporter jusqu’à 150 kg, et se maintenir en vol 40 minutes. Surtout, il peut s’agrémenter d’un bras robotisé afin d’effectuer des missions de maintenance en zones difficiles d’accès par exemple.
La voiture volante d’Aeromobil
Lignes arrondies et épurées, robe jaune et noire… La voiture volante de l’entreprise slovaque Aéromobil ne passe pas inaperçue au salon du Bourget. Exposée au Paris Air lab, l’espace dédié aux innovations, cet avion bi-place, en matière composite, transporte aussi bien ses passagers sur terre que dans les airs. Ses ailes, d’une envergure de 8,8 m, sont en effet conçues pour se replier à l’horizontale afin de s’intégrer dans le trafic routier. Mais cette flexibilité ne permet pas de s’insérer ou de s’extraire directement d’une route embouteillée. Il faudra tout de même prévoir une piste pour atterrir ou décoller. Sur route, cette guêpe motorisée peut atteindre les 160 km/h. Et filer jusqu’à 200 km/h dans les airs. Elle peut embarquer 240 kg de charge utile (passager compris). Les plus téméraires devront passer un permis de pilote avant de l’étrenner. Et pour cause : il faudra pouvoir se repérer sur le tableau de bord, hybride, qui réunit aussi bien les instruments relatifs à la conduite routière qu’aérienne. Le volant, lui, se double d’un manche afin de pouvoir voler.
Une plateforme de réalité virtuelle pour la formation des opérateurs
Et si les professionnels misaient eux aussi sur la réalité virtuelle ? Dans son châlet du salon du Bourget, Dassault systèmes présentait l’un des volets de sa plateforme 3D experience, réalisée dans le cadre d’un partenariat avec l'université de Wichita (Kansas) et l'Institut Américain de Recherche Aéronautique. Celle-ci doit permettre aux acteurs industriels d’accélérer et améliorer la conception de leurs produits en numérisant toutes les étapes de la chaîne de fabrication. Jusqu’à la formation du personnel, chargé de mener des opérations de maintenance sur le terrain. L’une des missions proposées par Dassault lors de sa démonstration proposée au salon du Bourget : monter un drone sur le terrain. Coiffé d’un casque de réalité virtuelle et muni d’une manette dans chaque main, l’opérateur doit saisir les pièces qui se présentent, modélisées, à ses pieds, et les assembler au carénage du drone qui se présente face à lui. Afin de mieux le guider dans ses mouvements,plutôt qu’une notice de montage, c’est une forme qui lui apparaît en transparence là où la pièce doit être positionnée. Avec un peu d’entraînement et de dextérité, la pièce s’emboîte parfaitement. Il suffit alors de valider l’action d’une pression sur le bouton de la manette. Et de vérifier, une fois le drone entier assemblé, toutes les étapes de la check list, elle aussi dématérialisée. Le drone peut alors s’envoler.