Sericyne imagine l'impression 3D en soie
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Paris Match. Comment est née votre start-up, Sericyne ?
Constance Madaule. De ma rencontre avec Clara Hardy, en 2014. Designer, elle a toujours été fascinée par la soie et a consacré son projet de fin d’études à la recherche de nouvelles applications et à l’optimisation de sa filière de production, qui peut durer de six mois à un an, entre l’élevage du ver et le produit fini. Son postulat : si les vers à soie sont capables de fabriquer un cocon, pourquoi pas directement un objet ? Nouvelle matière et gain de temps à la clé. Ingénieure agronome, j’ai apporté mes compétences scientifiques à l’édifice et nous avons créé Sericyne en mai 2015.
En quoi consiste cette nouvelle matière ?
Nous formons les vers à soie à tisser à même les moules des objets que nous fabriquons. Une fois leur travail achevé, il suffit de démouler la forme désirée. Sécrétion du ver, la soie contient deux protéines, la fibroïne (futur fil) et la séricine. Nous conservons cette dernière, sorte de colle naturelle, qui donne sa rigidité à notre matière. Non tissée et 100 % naturelle, elle est à la fois résistante et légère, avec une épaisseur variable de 10 microns à 1 centimètre, suivant l’effet recherché et le nombre de vers à soie à l’ouvrage. Naturellement blanche et raffinée, elle est scintillante à la lumière et peut être teintée, plissée, brodée, thermoformée… selon les projets.
Quelles sont les applications de la séricine ?
D’un fond de cadran de montre à un flacon de parfum, nous développons des créations sur mesure pour nos clients, issus majoritairement de l’industrie du luxe. Pour la mode, nous avons conçu des broches, cols, corsets, accessoires... Notre matière se décline aussi en packaging, écrins, luminaires, tentures et autres objets de décoration. Et la liste de ses formes et applications est loin d’être exhaustive ! Nous avons aussi des projets dans les cosmétiques et le médical.
Comment comptez-vous relancer la filière soie dans l’Hexagone ?
En France, il existe une longue tradition de la sériciculture, qui s’est délitée dans les années 2000 avec la disparition des derniers cocons. Aujourd’hui, la majeure partie provient de l’étranger, à 90 % de Chine, avec des coûts qui augmentent. Sans parler de l’impact sur l’environnement, du fait des traitements et du transport. D’où notre volonté de réimplanter localement l’industrie de la soie, en privilégiant les circuits courts. Chez Sericyne, nous avons créé notre manufacture dans les Cévennes, où nous travaillons avec cinq éleveurs de vers à soie, qui nous en livrent environ 1 000 par jour, entre le printemps et l’automne. Soit un total de 250 000 vers en 2017 !