Google se met il au web sémantique ?
Depuis peu, on trouve de curieuses réponses dans les résultats de recherche de Google, notamment quand on l’interroge sur des dates de naissances ou les liens familiaux. Google répond désormais à la question posé plutôt que de pointer vers des pages contenant éventuellement une réponse. Pour l’instant, cela fonctionne avec l’anglais, et, dans une moindre mesure, avec le Français (c’est nettement moins impressionnant avec le Français, il faut le reconnaître).
Quel est le nom de la femme de Johnny Hallyday ? Quel est la capitale de la France ? Désormais, ces questions posées à Google obtiennent une réponse simple, articulée dans le classique ‘sujet-prédicat-objet’ (le célèbre ‘triplet’ du web sémantique), le tout accompagné de la source justifiant la réponse. Bien sûr, le tout est suivit des traditionnels résultats de recherche propres à Google.
Les informations ne sont pas structurées de la sorte sur le web, en particulier dans les sources qu’utilise Google pour justifier ses réponses, celui-ci semble analyser des données semi structurées, voir pas structurées du tout. C’est une fonctionnalité qui a coûté 100 millions de dollars à Microsoft et qui à justifié le rachat l’an dernier de Powerset, qui, rappelons-le, n’est capable de tels résultats que sur un corpus réduit (Wikipedia en l’occurrence), en en aucun cas sur l’ensemble du web (ou en tout cas sur une large palette de sources) comme semble le faire Google.
Il est clair que Google expérimente de tels analyses sémantiques sur des données non structurés depuis déjà pas mal de temps, mais à notre connaissance, c’est la première fois que cette capacité est ainsi exposée au public. (un programme de Google appelé “Direct Answers” explore l’analyse sémantique de données non structurés depuis quelques années, mais il n’était pas accessible au public).
La fonctionnalité n’est pas accessible en permanence et sur tous les territoires, il nous a fallu, en France, passer par un proxy anonyme américain pour y avoir accès. Il n’est par ailleurs pas évident que cette fonctionnalité soit accessible à des tiers, mais cela ne semble pas impossible à faire, même si - et c’est fort dommage - les données fournies par Google ne sont pas structurées en RDF au sein du HTML des résultats de Google.
Google structure-t-il les données non structurées ?
Bruno Haid, de la startup sémantique Australienne System One qui nous a fourni cette information, l’a commenté de la façon suivante :
“Ce qui est intéressant c’est que, bien que les données concernant la mère de Justin Timberlake, parmi d’autres, soient issues de http://www.celebritywonder.com/html/justintimberlake.html, il n’y a aucune donnée structurée de façon sémantique qui permet d’identifier Lynne comme étant la mère de Britney Spears. Donc soit Google utilise une source d’information structurée qu’il ne révèle pas dans ses résultats, soit ils arrivent réellement à extraire cette information du texte non structuré qu’ils affichent comme source (http://ububu.com/BritneySpears.html). Si c’est la cas, c’est énorme.
Toute la question est là. Conclure que Google fait de l’analyse sémantique simplement parce qu’ils affichent des résultats sous la forme “sujet-prédicat-objet” serait aller un peu vite en besogne, mais si cette structure résulte d’une analyse automatique de la part de Google, et qu’ils s’avéraient capable de structurer sémantiquement des données non structurées, qui n’existent nulle part sous une forme structurée sémantiquement, alors on pourrait conclure que Google est capable de faire cela. Et cela semble bien être le cas.
Pourquoi est-ce important ?
Comme nous avons désormais coutume de le dire au sujet du web sémantique, une fois que la machine sera capable d’extraire du savoir d’une page web à notre place, une large partie du travail des ‘knowledge worker’ sera déjà réalisé par la machine, donnant aux humains la possibilité d’aller bien plus loin encore, les gain de productivité de tous ceux qui travaillent quotidiennement avec comme matière première de l’information seraient phénoménaux.
Certes, pour l’instant, les réponses ne sont pas toujours très pertinentes, et tout cela n’est qu’un début. Quand on demande la date de naissance de Jésus, le résultat est plutôt surprenant, et la date de naissance de Laeticia Hallyday, à en croire Google (voir copie d’écran au début de l’article), mènerait notre Johnny national tout droit en prison si elle était exacte. Yahoo, de son coté, a exposé une vision bien plus claire sur ses intentions face au web sémantique, mais malgré tout, Google semble faire quelque chose que personne jusqu’ici n’a réussi a faire. Encore une fois, la création de valeur qu’apporterait une telle technologie, une fois mature, est tout simplement phénoménale.
Source : readwriteweb.com Ecrit par Fabrice Epelboin