Une capsule connectée remplace l'endoscopie

Ses capteurs mesurent la présence de dioxygène, de dihydrogène et dioxyde de carbone dans le système digestif. La capsule ingérable développée par une équipe autralienne de l'Institut royal de Melbourne a été testée pour la première fois sur des humains. La startup Atmo Biosciences a été créée pour mener à bien la phase II de l'essai clinique. Les chercheurs espèrent que cette technologie, moins invasive qu'une endoscopie et plus précise qu'un test respiratoire, permettra d'en apprendre plus sur le fonctionnement de l'intestin.
Cinq personnes ont avalé une capsule munie de capteurs pour mesurer la concentration de différents gaz dans leur système digestif. Les résultats de cette première expérience sur des humains sont parus le 8 janvier 2018 dans la revue Nature Electronics. L’équipe australienne de l’Institut royal de technologie de Melbourne (RMIT) qui en est à l’origine indique avoir cofondé la société Atmo Biosciences pour commercialiser sa capsule. Après le test d’une première version sur des cochons et ce nouvel essai sur un nombre restreint d’individus sains, il reste à évaluer le dispositif sur un plus grand nombre de personnes atteintes de pathologies. Cette phase II de l’essai clinique sera réalisée par Atmo Biosciences. « La capsule va progressivement trouver des applications en dehors de l’université », relève Kourosh Kalantar, premier auteur de l’étude.
Des capsules ingérables disponibles dans le commerce mesurent déjà certains paramètres comme le pH et la pression, ou permettent encore de suivre la prise de médicaments. Mais c’est la première fois qu’une telle pilule est capable de mesurer la teneur de certains gaz le long du système digestif. En l’occurrence le dioxygène (O2), le dihydrogène (H2) et le dioxyde de carbone (CO2). Des tests respiratoires sont généralement effectués pour mener à bien de telles analyses. Mais, selon les auteurs de l’étude, ils sont peu précis en raison du peu d’informations concernant l’origine des gaz dans l’intestin. En analysant le taux de dioxygène, qui varie le long du système digestif, les chercheurs affirment être en mesure de localiser leur capsule et d’associer les concentrations des autres gaz à une localisation précise.
Une fois la capsule ingérée, une membrane perméable aux gaz, mais pas aux liquides, laisse entrer le dioxygène, le dihydrogène et le dioxyde de carbone dans le dispositif. A l’intérieur de ce petit cylindre en polyéthylène de 26 mm de long pour 9,8 mm de large ? Un capteur de température, un microcontrôleur, un système de transmission et de batteries et des capteurs de gaz à semi-conducteurs et de conductivité thermique. Plus ou moins sensibles aux différents gaz cibles, leur réponse est différente en fonction du gaz présent, et notamment lorsqu’ils subissent un cycle de chauffage-refroidissement. Un élément chauffant dans la capsule le permet et un algorithme extrait les concentrations des différents gaz. Les analyses sont alors transmises vers un récepteur qui tient dans la poche, lui-même capable d’envoyer les données sur un smartphone pour les afficher en temps réel.
Dans leur publication, les chercheurs affirment que leur capsule constitue « un moyen précis et sûr pour surveiller les effets des régimes sur les individus, et peut potentiellement être utilisé comme un outil de diagnostic pour l’intestin. » De quoi prescrire des traitements ou des régimes personnalisés et aller plus loin dans la compréhension du fonctionnement de l’intestin et de son microbiote, cet ensemble de micro-organismes qui peuplent le système digestif et dont le rôle se précise. Notamment grâce au développement de techniques permettant d’étudier son interaction avec l’organisme.