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Les inventeurs de la Foire de Paris

5 Mai 2014, 19:39pm

Publié par Grégory SANT

 Daniel Huguenin et son moteur (à g.), Bruno Moscatelli et ses cadres à végétaux (en haut), Denis Fady et son bonnet de bain profilé (en bas). Un dénominateur commun : l’imagination. Frédéric Gouis et Christian Lantenois                   L'Aisne ne comptent pas la plus grande concentration de Géo Trouvetou de France, ils abritent néanmoins leur lot d’inventeurs locaux qui font phosphorer leurs neurones. Ces personnes, à l’esprit en éveil permanent, brevettent ainsi leur innovation auprès de l’Inpi (Institut national de la protection industrielle). Certains participent même au fameux concours Lépine, qui se tient depuis mercredi et jusqu’au 11 mai, à la Foire de Paris. Si tous ces novateurs ne poursuivent pas le même Graal, ils baignent dans un bouillonnement similaire, loin des bureaux de recherche et développement des industries, même si ces dernières demeurent les grosses pourvoyeuses de brevets.

1/ Le passionné et son moteur

« Gamin, une fusée bricolée m’a explosé à la tête. Mon père, garagiste, m’a alors fait construire un moteur pour m’occuper… » À 67 ans, Daniel Huguenin baigne toujours dans la mécanique, donnant des coups de main à son fils, repreneur du garage familial à Fère-en-Tardenois, dans l’Aisne. « Je suis un bricoleur », réplique-t-il pour justifier son dernier brevet. « J’ai transformé un moteur 4 temps diesel à combustion interne en un moteur à combustion externe par simple transformation de la culasse. »

À l’entendre, ce moteur recèle de bien des avantages : « faible coût d’entretien, suppression de la ligne d’échappement et des systèmes antipollution, très silencieux et moins cher à réaliser que la voiture électrique… » N’en jetez plus !

Pourtant, notre as de la mécanique n’a pas séduit les constructeurs Lombardini et Briggs & Stratton pour développer son invention. En fait, il pense « se heurter aussi à des équipementiers voulant préserver leur marché. » Cette indifférence ne va pas l’empêcher de poursuivre sa mise au point, « la passion d’améliorer les performances étant plus forte ». Notant que, « depuis 70 ans, on a assisté à plus de progrès que depuis le début de l’Humanité », Daniel Huguenin va continuer d’y apporter sa contribution. Loin du « bricoleur » qu’il souhaite modestement incarner !

2/ L’homme de marchés

« Je suis parti d’une problématique de marché mais avec un positionnement de consommateur. » Agronome de formation et ardennais d’adoption depuis cinq ans, Bruno Moscatelli n’y va pas par quatre chemins. Ses brevets résultent d’une démarche marketing. « Mon amie voulait un mur végétalisé mais les dispositifs du marché étaient moches et mal foutus… » Voilà comment est née La brique verte. Pour le nouveau produit de sa société, Arden Flore, un cadre vertical à végétaux, Bruno Moscatelli admet franchement avoir « fait la synthèse des deux produits du marché en y apportant notre innovation : la forme du pot qui accueille le végétal et un tuyau avec une fente ». Une démarche proche de la copie ? « Faire évoluer un produit avec des petites modifications, ce sont les règles du jeu. Si un autre vient derrière nous avec une amélioration, je l’accepterai », déclare-t-il dans un sourire.

En fait, inventer tient de l’obligation selon Bruno Moscatelli. « Les gens sur le terrain doivent toujours innover. Dès que l’on a terminé, il faut rembrayer, prendre de l’avance. C’est une course perpétuelle en avant qui permet d’aller plus loin et d’apporter de véritables nouveautés aux consommateurs. » Et cette compétition passe par le brevet. « Il organise la recherche, rendant moins simple la copie. Cela permet de respecter ceux ayant déjà réussi et oblige les autres à apporter un plus. »

Pour le moment, les inventions de Bruno Moscatelli sont distribuées via une cinquantaine de points de vente, des jardineries. Et il fourmille encore d’idées. « Mais il faut de l’argent pour les mettre en œuvre… »

3/ Un flash pour la fierté

« J’ai eu un flash », avoue Denis Fady d’Essômes-sur-Marne, dans l’Aisne. « Lors de la finale du relais 4 x 100 m hommes des JO de Pékin en 2008, je me suis dit : Il faut briser la vague devant le crâne des nageurs.  » Et voilà comment cet agent de la Sanef de 45 ans, que rien ne prédestinait à devenir inventeur, s’est retrouvé lancé dans cette aventure.

Son innovation, « c’est comme le fil à couper le beurre », lâche-t-il en s’excusant presque. Partant d’un bonnet de bain lambda en silicone, il a incorporé à l’intérieur un appendice en mousse d’une dizaine de centimètres, de la forme d’une étrave de bateau inversée. « Aucune réglementation n’interdit de porter cela en compétition », assure-t-il. Ainsi profilés, les nageurs verraient « leur hydrodynamisme amélioré. J’ai fait des tests dans ma baignoire », consent-il à préciser, bien conscient que son amateurisme peut faire sourire.

Si le brevet lui a été décerné, Denis Fady compte sur le concours Lépine. Il est inscrit à celui de 2015, pour trouver un équipementier lançant la production de son invention. Son « dispositif nommé bonnet de main profilé permettant de briser la vague frontale  », comme l’a enregistré l’Inpi, pourrait alors lui faire tutoyer la gloire. Car, « c’est pour faire avancer le sport que je fais cela. Je ne pense pas trop aux revenus que je pourrais en tirer, affirme presque candidement ce père de famille. Ma satisfaction serait de voir des nageurs le porter victorieusement lors des JO de 2016. » Huit ans après son « flash » initial devant son écran plat !

Source : lunion.press.fr

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