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Forte présence de la France sur le marché de la réalité augmentée

28 Octobre 2015, 19:08pm

Publié par Grégory SANT

L'on parle beaucoup des projets de casque de réalité virtuelle en provenance de la Silicon Valley alors que la technique est utilisée en France depuis des années, dans l'industrie et les centres de recherche.

Ce boulon lui résiste. Malgré l'outil qu'il tient dans sa main, il ne parvient pas à effectuer correctement le réglage qui lui permettrait de relier l'élément à l'ensemble de la carlingue de l'Airbus A380 sur lequel il travaille. Le technicien retire ses lunettes spéciales et s'adresse à l'ingénieure, à quelques mètres de lui: "Va falloir modifier les plans!" La lumière se rallume, l'avion s'estompe. Les deux professionnels sont debout dans une pièce de 9 mètres carrés, des écrans sur tous les murs. Ici, au Technocentre de Renault à Guyancourt, on appelle ça un "Cave", pour "Cave Automatic Virtual Environment" (caverne d'environnement virtuel automatique).

Facebook, HTC, Samsung, Microsoft ou Google, ces entreprises cherchent toutes à faire de la réalité virtuelle leur nouvelle martingale. Cette technique qui vise à immerger l'utilisateur à l'intérieur de l'image à l'aide d'un casque adapté est en passe de séduire le grand public, mais elle est déjà utilisée en France, au quotidien, par nombre d'entreprises. Quelle peut bien en être l'utilité pour des groupes comme Renault, Airbus, Alstom ou PSA?

Le mythe du Cave

Les "Cave", ces salles immersives constituées d'écrans, ont vu le jour dans les années 90, aux Etats-Unis. L'utilisateur y est plongé dans une situation simulée grâce aux capteurs de mouvement qui enregistrent en temps réel sa position. Ici, nul besoin de câbles pour bénéficier d'une résolution d'image de 4096 x 4096 pixels, plus de trois fois supérieure à celle du modèle commercial du casque Oculus Rift.

Le groupe PSA dispose de ces environnements immersifs, répartis dans ses différents centres de recherche et développement, dont Vélizy ou Sochaux. David Defianas est expert en réalité virtuelle pour le géant de l'automobile. "On place l'être humain au coeur de la simulation: cela va de l'assemblage du véhicule jusqu'à des revues de la qualité de la voiture", explique-t-il.

Directeur général de Light & Shadows, une entreprise spécialisée dans la réalisation de projets à destination des entreprises, Stéphane Pézeril précise que, pour les industriels, le Cave est devenu une "sorte de tableau de bord pour ingénieurs", qui peuvent notamment tester leurs prototypes avant la phase de maquettage. Des dispositifs utiles mais chers: ces équipements dignes d'un film de science-fiction coûtent entre 1 et 5 millions d'euros. Il en existe aujourd'hui une vingtaine en France.

De la formation à la vente, la réalité virtuelle partout

Pour les entreprises, de Renault à Air France, la réalité virtuelle n'est pas qu'un hobby d'ingénieurs, c'est surtout un moyen bien réel de faire des économies.

Expert en réalité virtuelle pour le Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives (CEA), Claude Andriot confirme: "Les concepteurs et les utilisateurs peuvent tester les produits qui n'existent pas encore, tant au niveau de la chaîne de montage que sur leur poste de travail, ou encore discuter avec l'ingénieur dans la phase de conception. On démontre au quotidien que ça permet de gagner de l'argent".

Chez PSA, le virtuel est une réalité depuis une dizaine d'années. David Defianas y gère une équipe de huit personnes - mais "dans tout le groupe, la communauté rassemble une centaine de personnes". Pour le géant de l'automobile, les technologies immersives génèrent des économies en phase de prototypage: "Elles permettent de s'affranchir des seuls calculs. Déjà, si je dois faire une simulation de crash, raconte David Defianas, je ne vais pas mettre un être humain dans la voiture. Et puis, je vais vous asseoir virtuellement dans une voiture que je suis en train de concevoir, vous aurez un ressenti tout de suite et pourrez émettre un jugement immédiatement, vous la verrez comme dans la vraie vie. On travaille à échelle 1, donc vous pourrez la toucher, avec des techniques de retour d'effort, alors que je ne dispose d'aucune pièce physique".

Le test d'un dispositif de réalité virtuelle dans une PME française .

Immersion

L'on parle beaucoup des projets de casque de réalité virtuelle en provenance de la Silicon Valley alors que la technique est utilisée en France depuis des années, dans l'industrie et les centres de recherche.

Ce boulon lui résiste. Malgré l'outil qu'il tient dans sa main, il ne parvient pas à effectuer correctement le réglage qui lui permettrait de relier l'élément à l'ensemble de la carlingue de l'Airbus A380 sur lequel il travaille. Le technicien retire ses lunettes spéciales et s'adresse à l'ingénieure, à quelques mètres de lui: "Va falloir modifier les plans!" La lumière se rallume, l'avion s'estompe. Les deux professionnels sont debout dans une pièce de 9 mètres carrés, des écrans sur tous les murs. Ici, au Technocentre de Renault à Guyancourt, on appelle ça un "Cave", pour "Cave Automatic Virtual Environment" (caverne d'environnement virtuel automatique).

Facebook, HTC, Samsung, Microsoft ou Google, ces entreprises cherchent toutes à faire de la réalité virtuelle leur nouvelle martingale. Cette technique qui vise à immerger l'utilisateur à l'intérieur de l'image à l'aide d'un casque adapté est en passe de séduire le grand public, mais elle est déjà utilisée en France, au quotidien, par nombre d'entreprises. Quelle peut bien en être l'utilité pour des groupes comme Renault, Airbus, Alstom ou PSA?

Le mythe du Cave

Les "Cave", ces salles immersives constituées d'écrans, ont vu le jour dans les années 90, aux Etats-Unis. L'utilisateur y est plongé dans une situation simulée grâce aux capteurs de mouvement qui enregistrent en temps réel sa position. Ici, nul besoin de câbles pour bénéficier d'une résolution d'image de 4096 x 4096 pixels, plus de trois fois supérieure à celle du modèle commercial du casque Oculus Rift.

Le groupe PSA dispose de ces environnements immersifs, répartis dans ses différents centres de recherche et développement, dont Vélizy ou Sochaux. David Defianas est expert en réalité virtuelle pour le géant de l'automobile. "On place l'être humain au coeur de la simulation: cela va de l'assemblage du véhicule jusqu'à des revues de la qualité de la voiture", explique-t-il.

Directeur général de Light & Shadows, une entreprise spécialisée dans la réalisation de projets à destination des entreprises, Stéphane Pézeril précise que, pour les industriels, le Cave est devenu une "sorte de tableau de bord pour ingénieurs", qui peuvent notamment tester leurs prototypes avant la phase de maquettage. Des dispositifs utiles mais chers: ces équipements dignes d'un film de science-fiction coûtent entre 1 et 5 millions d'euros. Il en existe aujourd'hui une vingtaine en France.

De la formation à la vente, la réalité virtuelle partout

Pour les entreprises, de Renault à Air France, la réalité virtuelle n'est pas qu'un hobby d'ingénieurs, c'est surtout un moyen bien réel de faire des économies.

Expert en réalité virtuelle pour le Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives (CEA), Claude Andriot confirme: "Les concepteurs et les utilisateurs peuvent tester les produits qui n'existent pas encore, tant au niveau de la chaîne de montage que sur leur poste de travail, ou encore discuter avec l'ingénieur dans la phase de conception. On démontre au quotidien que ça permet de gagner de l'argent".

Chez PSA, le virtuel est une réalité depuis une dizaine d'années. David Defianas y gère une équipe de huit personnes - mais "dans tout le groupe, la communauté rassemble une centaine de personnes". Pour le géant de l'automobile, les technologies immersives génèrent des économies en phase de prototypage: "Elles permettent de s'affranchir des seuls calculs. Déjà, si je dois faire une simulation de crash, raconte David Defianas, je ne vais pas mettre un être humain dans la voiture. Et puis, je vais vous asseoir virtuellement dans une voiture que je suis en train de concevoir, vous aurez un ressenti tout de suite et pourrez émettre un jugement immédiatement, vous la verrez comme dans la vraie vie. On travaille à échelle 1, donc vous pourrez la toucher, avec des techniques de retour d'effort, alors que je ne dispose d'aucune pièce physique".

Un outil de formation virtuel développé pour PSA par Light and Shadows. Ce système associe un moyen physique, la pince à souder, et un guidage virtuel en temps réel.

"Au départ, on utilisait surtout la réalité virtuelle pour les chaînes d'assemblage", se souvient Claude Andriot. Une façon de tester l'ergonomie des futurs postes de travail ou, plus simplement, de former les ouvriers aux chaînes de production. Pour ce faire, les industriels utilisent beaucoup la réalité augmentée, cette technique cousine de la réalité virtuelle qui permet de superposer des images au monde réel sans temps de latence.

"Globalement, aujourd'hui, tout le monde est familier du smartphone ou de la tablette, résume David Defianas. Et on s'aperçoit que ce sont des aides à notre vie. Pourquoi ça ne marcherait pas dans le milieu professionnel?" La question ne se pose pas que pour la R&D ou la production. De l'usine du futur à la vente du futur, il n'y a qu'un pas, que les industriels franchissent allègrement. De la réalité augmentée dans les concessions pour modifier les options ou la couleur de la voiture de ses rêves à la présentation du prochain appareil d'un avionneur en réalité virtuelle pour séduire les clients, les commerciaux des grands groupes français se sont eux aussi saisis de ces outils.

Un véritable écosystème de la réalité virtuelle

Entre industriels et chercheurs, la diffusion des technologies de réalité virtuelle dans les entreprises françaises a abouti à la mise en place d'un véritable écosystème, dans lequel le CEA tient un rôle prépondérant. Comme le confirme Claude Andriot: "Au Centre, on se positionne à mi-chemin entre l'industrie et les labos. On fait de la recherche appliquée pour les industriels et les start-up".

Le laboratoire de réalité virtuelle du CEA vit de ses contrats avec l'industrie, à laquelle il apporte les technologies développées en son sein, "avec un rôle d'évangélisateur et de formateur". Il ne produit pas et ne vend pas. Il fait du transfert de technologies, mais créé également des start-up. L'une d'entre elles, Haption, est aujourd'hui leader mondial des technologies de retour d'effort - qui permettent d'interagir avec un objet virtuel par l'intermédiaire du toucher. D'après Christophe Chartier, PDG d'une autre de ces start-ups, Immersion, devenu un acteur majeur des technologies immersives dans le monde de l'industrie, "en France, la réalité virtuelle a grandi de façon raisonnée", avec le soutien des groupes Renault et PSA, notamment.

Dès la fin des années 1990, quelques ingénieurs inspirés ont commencé à structurer l'écosystème, tant dans l'industrie que dans le secteur de la recherche. Selon Claude Andriot, "on se plaint souvent du manque de relation entre industriels, start-ups et universitaires, mais dans ce secteur, il y a eu des visionnaires, en France". Réunie au sein de l'Association française de réalité virtuelle (AFRV), cette petite communauté de précurseurs, qui, selon les mots de Christophe Chartier, "est là depuis 20 ans et est une vraie famille", continue à travailler et prépare déjà la suite.

Aujourd'hui en poste dans de grandes entreprises françaises, ils ont fait en sorte que la réalité virtuelle essaime chez les industriels, avant de contribuer à la naissance de PME spécialisées dans le secteur. Comme Immersion. L'histoire de cette entreprise girondine est exemplaire: de "quincaillier de la réalité virtuelle en 1994", selon les mots de son patron, elle compte à ce jour quelque 40 salariés qui, depuis Bordeaux, fournissent des produits et des logiciels de réalité virtuelle à des clients du monde entier.

Et maintenant?

De l'exportation du savoir-faire français à l'international à la conversion des PME à la réalité virtuelle ou augmentée, les opportunités sont nombreuses. "Les grands comptes sont relativement bien équipés, mais il y a encore à faire dans les PME, prévoit Claude Andriot. Auparavant, le ticket d'entrée était assez cher, mais en 2016, les barrières vont sauter". Elles s'effaceront d'autant plus vite que la technologie se développe et se démocratise: "Il y a 10 ans, un casque coûtait 150 000 euros. Ce qui a changé, c'est le développement de l'industrie du jeu vidéo et des smartphones".

Ce bond technologique autorise les professionnels de la réalité virtuelle à relever un nouveau défi: faciliter la collaboration à distance. Tous le disent: en entreprise, la réalité virtuelle ou augmentée peut aider à la prise de décision. Pour les multinationales, on mesure l'intérêt de ces systèmes, qui assoient virtuellement plusieurs décideurs autour de la même table.

Le test d'un dispositif de réalité virtuelle dans une PME française .

Immersion

L'on parle beaucoup des projets de casque de réalité virtuelle en provenance de la Silicon Valley alors que la technique est utilisée en France depuis des années, dans l'industrie et les centres de recherche.

Ce boulon lui résiste. Malgré l'outil qu'il tient dans sa main, il ne parvient pas à effectuer correctement le réglage qui lui permettrait de relier l'élément à l'ensemble de la carlingue de l'Airbus A380 sur lequel il travaille. Le technicien retire ses lunettes spéciales et s'adresse à l'ingénieure, à quelques mètres de lui: "Va falloir modifier les plans!" La lumière se rallume, l'avion s'estompe. Les deux professionnels sont debout dans une pièce de 9 mètres carrés, des écrans sur tous les murs. Ici, au Technocentre de Renault à Guyancourt, on appelle ça un "Cave", pour "Cave Automatic Virtual Environment" (caverne d'environnement virtuel automatique).

Facebook, HTC, Samsung, Microsoft ou Google, ces entreprises cherchent toutes à faire de la réalité virtuelle leur nouvelle martingale. Cette technique qui vise à immerger l'utilisateur à l'intérieur de l'image à l'aide d'un casque adapté est en passe de séduire le grand public, mais elle est déjà utilisée en France, au quotidien, par nombre d'entreprises. Quelle peut bien en être l'utilité pour des groupes comme Renault, Airbus, Alstom ou PSA?

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Le mythe du Cave

Les "Cave", ces salles immersives constituées d'écrans, ont vu le jour dans les années 90, aux Etats-Unis. L'utilisateur y est plongé dans une situation simulée grâce aux capteurs de mouvement qui enregistrent en temps réel sa position. Ici, nul besoin de câbles pour bénéficier d'une résolution d'image de 4096 x 4096 pixels, plus de trois fois supérieure à celle du modèle commercial du casque Oculus Rift.

Le groupe PSA dispose de ces environnements immersifs, répartis dans ses différents centres de recherche et développement, dont Vélizy ou Sochaux. David Defianas est expert en réalité virtuelle pour le géant de l'automobile. "On place l'être humain au coeur de la simulation: cela va de l'assemblage du véhicule jusqu'à des revues de la qualité de la voiture", explique-t-il.

Directeur général de Light & Shadows, une entreprise spécialisée dans la réalisation de projets à destination des entreprises, Stéphane Pézeril précise que, pour les industriels, le Cave est devenu une "sorte de tableau de bord pour ingénieurs", qui peuvent notamment tester leurs prototypes avant la phase de maquettage. Des dispositifs utiles mais chers: ces équipements dignes d'un film de science-fiction coûtent entre 1 et 5 millions d'euros. Il en existe aujourd'hui une vingtaine en France.

De la formation à la vente, la réalité virtuelle partout

Pour les entreprises, de Renault à Air France, la réalité virtuelle n'est pas qu'un hobby d'ingénieurs, c'est surtout un moyen bien réel de faire des économies.

Expert en réalité virtuelle pour le Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives (CEA), Claude Andriot confirme: "Les concepteurs et les utilisateurs peuvent tester les produits qui n'existent pas encore, tant au niveau de la chaîne de montage que sur leur poste de travail, ou encore discuter avec l'ingénieur dans la phase de conception. On démontre au quotidien que ça permet de gagner de l'argent".

Chez PSA, le virtuel est une réalité depuis une dizaine d'années. David Defianas y gère une équipe de huit personnes - mais "dans tout le groupe, la communauté rassemble une centaine de personnes". Pour le géant de l'automobile, les technologies immersives génèrent des économies en phase de prototypage: "Elles permettent de s'affranchir des seuls calculs. Déjà, si je dois faire une simulation de crash, raconte David Defianas, je ne vais pas mettre un être humain dans la voiture. Et puis, je vais vous asseoir virtuellement dans une voiture que je suis en train de concevoir, vous aurez un ressenti tout de suite et pourrez émettre un jugement immédiatement, vous la verrez comme dans la vraie vie. On travaille à échelle 1, donc vous pourrez la toucher, avec des techniques de retour d'effort, alors que je ne dispose d'aucune pièce physique".

Un outil de formation virtuel développé pour PSA par Light and Shadows. Ce système associe un moyen physique, la pince à souder, et un guidage virtuel en temps réel.

Light and Shadows

"Au départ, on utilisait surtout la réalité virtuelle pour les chaînes d'assemblage", se souvient Claude Andriot. Une façon de tester l'ergonomie des futurs postes de travail ou, plus simplement, de former les ouvriers aux chaînes de production. Pour ce faire, les industriels utilisent beaucoup la réalité augmentée, cette technique cousine de la réalité virtuelle qui permet de superposer des images au monde réel sans temps de latence.

"Globalement, aujourd'hui, tout le monde est familier du smartphone ou de la tablette, résume David Defianas. Et on s'aperçoit que ce sont des aides à notre vie. Pourquoi ça ne marcherait pas dans le milieu professionnel?" La question ne se pose pas que pour la R&D ou la production. De l'usine du futur à la vente du futur, il n'y a qu'un pas, que les industriels franchissent allègrement. De la réalité augmentée dans les concessions pour modifier les options ou la couleur de la voiture de ses rêves à la présentation du prochain appareil d'un avionneur en réalité virtuelle pour séduire les clients, les commerciaux des grands groupes français se sont eux aussi saisis de ces outils.

Un véritable écosystème de la réalité virtuelle

Entre industriels et chercheurs, la diffusion des technologies de réalité virtuelle dans les entreprises françaises a abouti à la mise en place d'un véritable écosystème, dans lequel le CEA tient un rôle prépondérant. Comme le confirme Claude Andriot: "Au Centre, on se positionne à mi-chemin entre l'industrie et les labos. On fait de la recherche appliquée pour les industriels et les start-up".

Le laboratoire de réalité virtuelle du CEA vit de ses contrats avec l'industrie, à laquelle il apporte les technologies développées en son sein, "avec un rôle d'évangélisateur et de formateur". Il ne produit pas et ne vend pas. Il fait du transfert de technologies, mais créé également des start-up. L'une d'entre elles, Haption, est aujourd'hui leader mondial des technologies de retour d'effort - qui permettent d'interagir avec un objet virtuel par l'intermédiaire du toucher. D'après Christophe Chartier, PDG d'une autre de ces start-ups, Immersion, devenu un acteur majeur des technologies immersives dans le monde de l'industrie, "en France, la réalité virtuelle a grandi de façon raisonnée", avec le soutien des groupes Renault et PSA, notamment.

Dès la fin des années 1990, quelques ingénieurs inspirés ont commencé à structurer l'écosystème, tant dans l'industrie que dans le secteur de la recherche. Selon Claude Andriot, "on se plaint souvent du manque de relation entre industriels, start-ups et universitaires, mais dans ce secteur, il y a eu des visionnaires, en France". Réunie au sein de l'Association française de réalité virtuelle (AFRV), cette petite communauté de précurseurs, qui, selon les mots de Christophe Chartier, "est là depuis 20 ans et est une vraie famille", continue à travailler et prépare déjà la suite.

Aujourd'hui en poste dans de grandes entreprises françaises, ils ont fait en sorte que la réalité virtuelle essaime chez les industriels, avant de contribuer à la naissance de PME spécialisées dans le secteur. Comme Immersion. L'histoire de cette entreprise girondine est exemplaire: de "quincaillier de la réalité virtuelle en 1994", selon les mots de son patron, elle compte à ce jour quelque 40 salariés qui, depuis Bordeaux, fournissent des produits et des logiciels de réalité virtuelle à des clients du monde entier.

Et maintenant?

De l'exportation du savoir-faire français à l'international à la conversion des PME à la réalité virtuelle ou augmentée, les opportunités sont nombreuses. "Les grands comptes sont relativement bien équipés, mais il y a encore à faire dans les PME, prévoit Claude Andriot. Auparavant, le ticket d'entrée était assez cher, mais en 2016, les barrières vont sauter". Elles s'effaceront d'autant plus vite que la technologie se développe et se démocratise: "Il y a 10 ans, un casque coûtait 150 000 euros. Ce qui a changé, c'est le développement de l'industrie du jeu vidéo et des smartphones".

Ce bond technologique autorise les professionnels de la réalité virtuelle à relever un nouveau défi: faciliter la collaboration à distance. Tous le disent: en entreprise, la réalité virtuelle ou augmentée peut aider à la prise de décision. Pour les multinationales, on mesure l'intérêt de ces systèmes, qui assoient virtuellement plusieurs décideurs autour de la même table.

Des dispositifs permettent déjà à un commercial en Chine de discuter des projets en cours avec un ingénieur français et les cadres de l'entreprise répartis dans le monde. Le tout autour d'une table sur laquelle chacun peut voir le produit à l'étude en 3D.

Collaboration à distance, donc, mais aussi formation et extension du domaine de la réalité virtuelle aux PME: les chantiers sont nombreux. Pour une fois, les entreprises françaises sont armées pour y répondre.

Source : lexpress.fr

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